Il fut l’époque où la Souveraineté étatique était encore une valeur protégée et certaine, un principe qui a permit à notre Pays de devenir ce qu’il est aujourd’hui ; parmi d’autres, le meilleur pays au monde pour grandir ses enfants (source : étude menée par Economist Intelligence Unit en 2012). Aujourd’hui, ce fondement de souveraineté, si cher à notre cœur, a perdu sa domination, son intangibilité, sa certitude ; il a été supprimé et oublié. Qui sème le vent récolte la tempête.
Le thème de l’immigration est central aujourd’hui. Le 9 février prochain, nous serons appelés aux urnes sur l’initiative “Contre l’immigration de masse”, initiative qui veut redonner à notre Pays le contrôle en matière d’immigration.
Le quotidien au Sud des Alpes, n’est pas toujours prospère. Cela résulte en particulier du manquement de prise en considération des particularités de notre Canton, le Tessin, lors de l’élaboration des normes fédérales.
Une simple démonstration peut être faite avec les chiffres suivants. Le permis G (frontaliers), qui n’est – et n’a jamais été – contingenté, a amené à la situation suivante : un travailleur sur quatre dans notre Canton est un frontalier c’est-à-dire qu’il y en a environ 60’000 (ils ont doublé depuis 2002) pour une population de 340’000 habitants. Sur le même pas, l’Arc lémanique compte plus de 90’000 frontaliers. Ce phénomène ne touche pas uniquement le Sud ou les régions frontalières, mais aussi, quoi que d’une manière beaucoup moins importante, Zurich (8’844 frontaliers) et la Suisse centrale (1’603 frontaliers). Dans ces deux dernières zones, les chiffres ont augmenté de 7.2%, respectivement 16.8% en 2012.
Si le flux en est encore « limité », la croissance quant à elle est préoccupante. Cela cause, parmi d’autres, l’effet substitutif de la main d’œuvre locale, le dumping salarial et une augmentation du chômage.
Comme le Canton de Genève, le Tessin a malheureusement dû vivre l’effet anticipateur, où les effets ont été perçus en premiers.
L’ALCP et les Accords de Schengen ont mis en évidence leurs limites ; un citoyen résidant sur 4 est un étranger. Le domaine de la sécurité n’a pas été – lui non plus – épargné : selon la statistique criminelle de police 2012, les infractions commis en Suisse (750’371) ont augmenté de 8.3% par rapport à l’année précédente. Le 18% des cas concernaient des citoyens qui ne résident pas dans notre Pays, dans le 28% il s’agissait de résidents étrangers ; on se réfère ici à la criminalité transfrontalière. Avec un « oui », on pourra demander l’extrait du casier judiciaire et vérifier systématiquement les précédents pénaux de ceux qu’on entend accueillir. A titre indicatif, la prison de Champ-Dollon compte plus ou moins 600 détenus, dans le 90% des cas il s’agit d’étrangers. Au Tessin, en 2012 à la « Stampa », le 76% des détenus était étranger. Au niveau fédéral, des statistiques relatives à la population carcérale résulte que le 73.8% de la population carcérale en Suisse est composée d’étrangers. Ces données méritent sans doute une réflexion.
Concrètement tous les Cantons bénéficieront d’une liberté de choix. Le choix de contrôler et limiter les permis de séjour (durables ou non), les requêtes d’asile, les cas de regroupement familial, les prestations sociales, les permis G, etc. Tout cela sera – à l’avenir – mesuré sur la base de nos nécessités, notamment le besoin de main d’œuvre. Enfin, des Conventions internationales ultérieures en contradiction avec l’autonomie de la Suisse relative à sa politique migratoire seront interdites.
Le 9 février se voit comme l’occasion nécessaire, dont nul ne peut renoncer, pour reprendre le contrôle de notre marché du travail, pour favoriser la main d’œuvre locale et pour nous assurer que ceux qu’on accueille soient dignes de notre pays. En votant « non », nous risquons, en 2015 d’arriver au seuil des 10 millions d’habitants ! Chaque année environ 80’000 étrangers immigrent en Suisse, c’est comme si tous les deux ans naissait un nouveau Canton de Neuchâtel !
Il s’agit finalement, tout simplement de reprendre le contrôle et l’autonomie de la politique étrangère en Suisse et l’ancrer dans notre Constitution. Un « oui » se voit donc légitime et nécessaire pour reconquérir notre Souveraineté.
Norman Gobbi, Conseiller d’État TI / Lega
(Apparso su LeTemps, 04.02.2014)